Pourquoi le taux d’abandon de chiens en France est-il si honteusement élevé ?

Selon l’étude “Il ne le ferait jamais” de la Fondation Affinity, 167 656 chiens ont été recueillis par les refuges pour animaux et les protectoras en 2021 après avoir été abandonnés, soit une moyenne de 460 chiens par jour. Sur ce chiffre, 34% sont recueillis dans des refuges expressément par des particuliers, tandis que 66% sont trouvés dans la rue, ce qui constitue non seulement un type de maltraitance cruelle, mais aussi un délit.

Les chiffres ne s’améliorent pas par rapport à 2020, car on constate une augmentation de 3,5 % des abandons de chiens, même s’il est vrai que ce pourcentage reste inférieur aux données observées dans les années précédant la pandémie. Malgré cela, les abandons se poursuivent et les raisons en sont variées, malgré les mesures existantes pour les prévenir.

Par conséquent, nos amis à poils finissent par vivre mal dans la rue, dans un chenil municipal, par être écrasés et tués ou, avec un peu de chance, par être secourus par des organisations de protection des animaux pour tenter de commencer une nouvelle vie dans une nouvelle famille, tout en emportant avec eux les éventuels traumatismes liés à l’abandon.

Principales raisons de l’abandon des chiens

1. Les portées non désirées

Selon l’étude, elles représentent la principale raison d’abandon avec 21,2% des cas. Bien que cette situation soit plus marquée chez les chats, d’après une expérience d’un organisme de protection, on assure que “par négligence ou imprudence, il est très fréquent de recueillir des femelles avec des portées non désirées, mais il s’agit généralement de chiens de petites villes que les gens nourrissent à leur arrivée et qui nous avertissent lorsqu’il y a plus de bouches à nourrir”.

2. La fin de la saison de chasse

Le fait que 13,4 % des chiens soient abandonnés après la saison de chasse est un chiffre alarmant si l’on considère que les chiens impliqués dans cette activité ne représentent qu’une petite partie des presque sept millions de chiens qui vivent en France.

Comme l’explique une spécialiste “les chiens de chasse sont les races les plus abandonnées : à la fin de la saison, il n’est plus rentable de les garder, ils ne sont plus utiles pour la chasse ou ils ne sont tout simplement plus désirés”. Parfois, ils s’égarent aussi par peur d’être abattus ou finissent par être maltraités ou euthanasiés.

3. Problèmes de comportement et irresponsabilité du propriétaire

La troisième cause d’abandon, selon l’étude, est constituée par les problèmes de comportement (13,1%), bien que ceux-ci puissent généralement être résolus avec de la patience et l’aide d’un vétérinaire. L’irresponsabilité des propriétaires les conduit à adopter un chien sans se demander s’ils peuvent lui offrir une bonne qualité de vie.

Ainsi, ils finissent par les abandonner pour diverses raisons : “il mord, il casse des choses, il aboie, je déménage, j’ai des allergies, je travaille beaucoup et ne peux pas m’en occuper, j’ai un nouveau compagnon, j’ai eu un enfant, mon père est entré dans la résidence et je ne veux pas m’occuper de son chien…”.

L’achat et la vente impulsifs de chiens sont également étroitement liés aux abandons. Par exemple, à Noël, de nombreux chiens sont parfois offerts comme des cadeaux à la mode ou fantaisistes qui finissent par être abandonnés par la suite. Le même phénomène s’est produit après la pandémie, lorsque le nombre d’adoptions a augmenté pour être suivi quelques mois plus tard par un pic d’abandons.

Mesures possibles pour prévenir ce phénomène

1) Sensibilisation et éducation

L’éducation et la sensibilisation de la population sont essentielles, à tel point que l’on pourrait dire qu’il s’agit déjà d’une matière obligatoire dans les écoles secondaires, puisque le décret royal 217/2022 établit que l’enseignement secondaire obligatoire doit développer chez ses élèves la capacité à “évaluer de manière critique les habitudes sociales liées à la santé, à la consommation, aux soins, à l’empathie et au respect des êtres vivants, en particulier des animaux, et de l’environnement, en contribuant à leur conservation et à leur amélioration”.

D’après leur propre expérience, des spécialistes ont constaté que “dans les grandes villes, il y a déjà une grande sensibilisation à cette question, alors peut-être faudrait-il mettre davantage l’accent sur les zones où avoir un chien n’est pas quelque chose de récréatif, mais de fonctionnel”.

2) La micropuce

La fonction principale de la micropuce est de relier les données du chien à celles de son propriétaire, afin qu’il soit sous sa garde et puisse être rendu en cas de perte. En fait, selon des spécialistes, “60 % des animaux recueillis et munis d’une micropuce ont pu être rendus à leur famille”.

Bien que la loi rende l’identification par micropuce obligatoire, tous les animaux ne sont pas équipés de micropuce. 89% de la population canine générale est identifiée, mais seulement 28,3% des 167 656 chiens arrivés dans les refuges Français en 2021 étaient micropucés.

3) Stérilisation

La majorité des chiots recueillis dans les refuges proviennent de portées non désirées, ce qui pourrait être contrôlé par la stérilisation. Selon une association, “les chiens les plus abandonnés après les chiens de chasse sont les chiens de ferme et de garde, principalement des chiens de berger et des mastiffs”.

“Ils ne sont ni stérilisés ni pucés, et ont de nombreuses portées qui sont également abandonnées”. Outre la prévention de la surpopulation animale, selon la Société américaine pour la prévention de la cruauté envers les animaux, “la stérilisation leur permet de vivre plus longtemps et en meilleure santé, contribuant à prévenir les infections utérines et les cancers du sein et des testicules”.

La loi et ses sanctions

Cela fait un an que la loi sur la protection des animaux reconnaît les chiens et les chats comme des “êtres vivants doués de sensibilité”. Leur abandon est puni par la loi depuis 2015 et les sanctions, qui varient selon chaque communauté autonome, peuvent atteindre 45 000 euros et une peine de prison.

Parfois, en raison de l’absence d’identification, il est très difficile de prouver l’origine et le propriétaire du chien, ce qui rend l’application de ces sanctions plus difficile. La spécialiste estime que “ce sont les associations à but non lucratif qui pallient un problème qui ne peut être résolu que par les autorités”.

“Malgré cela, ce sont souvent les conseils municipaux eux-mêmes qui sont les premiers à enfreindre la loi : dans de nombreux cas, ils ignorent nos avertissements concernant les animaux abandonnés, soit par manque d’intérêt, soit par manque de ressources”.

Chien abandonné

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