Antioxydants dans les compléments alimentaires : y a-t-il des doses dangereuses ?

La consommation d’antioxydants est essentielle pour rester en bonne santé car ils jouent un rôle décisif dans la réduction du stress oxydatif, un problème qui, comme le reconnaît la Fondation française du cœur, s’aggrave avec l’âge.

Le rôle des antioxydants est d’incorporer dans l’organisme des agents protecteurs naturels des cellules et des tissus. Leur présence dans les aliments prévient naturellement le développement de maladies telles que l’infarctus du myocarde, les accidents vasculaires cérébraux, les processus neurodégénératifs et le système immunitaire.

Le problème se pose lorsque l’on parle de compléments alimentaires contenant des antioxydants. L’Agence Française pour la sécurité alimentaire et la nutrition reconnaît que “l’offre d’aliments et de compléments alimentaires censés avoir des effets antioxydants a augmenté de manière significative”.

Elle avertit également que certaines substances antioxydantes “ont un comportement contradictoire, car, à certaines doses ou dans certaines conditions, elles peuvent être des pro-oxydants”, c’est-à-dire des substances chimiques qui induisent un stress oxydatif.

Les experts reconnaissent qu’à côté des bénéfices promis par ces compléments, des effets contraires pourraient également se produire car, à fortes doses et dans certaines circonstances et conditions telles que des changements de pH ou la présence de certaines substances, ces composés peuvent favoriser le risque oxydatif.

Une étude de l’association scientifique Cochrane Collaboration a également mis en garde contre le fait que les suppléments d’antioxydants peuvent causer plus de mal que de bien.

Qu’est-ce que le risque oxydatif ?

Le stress oxydatif joue un rôle clé dans le développement de certaines maladies, notamment les maladies cardiovasculaires telles que l’artériosclérose et l’insuffisance cardiaque.

Il est causé par la surproduction d’espèces réactives de l’oxygène, dont les radicaux libres, qui sont considérés comme des pro-oxydants, bien que les antioxydants puissent également avoir un comportement pro-oxydant en fonction de la concentration de la nature des molécules avoisinantes. Ainsi, à des niveaux très élevés, ils peuvent endommager les cellules et le matériel génétique.

L’organisme génère des radicaux libres, sous-produits inévitables de la transformation des aliments en énergie. Des quantités excessives et chroniques de radicaux dans l’organisme provoquent un stress oxydatif qui peut endommager les cellules et entraîner des maladies chroniques.

L’un des moyens de lutter contre cette attaque consiste à extraire des aliments des combattants des radicaux libres, connus sous le nom d’antioxydants. Il s’agit de vitamines, de minéraux et d’enzymes riches en composés capables de neutraliser les radicaux libres.

La plupart de ces antioxydants sont naturels et il est très probable que leur présence dans les aliments puisse prévenir l’oxydation.

Compléments alimentaires à base de cuivre, de manganèse, de sélénium et de zinc

Avons-nous besoin de compléments alimentaires antioxydants pour lutter contre le stress oxydatif ? Bien que les antioxydants soient ajoutés aux produits et présentés comme des additifs susceptibles de prévenir les maladies cardiaques, le cancer, les pertes de mémoire et d’autres affections, il n’est pas encore certain que des doses élevées de compléments alimentaires antioxydants permettent d’obtenir les mêmes résultats que les fruits, les légumes et les céréales complètes.

Cependant, cette supplémentation en cuivre, manganèse, sélénium et zinc dans la population adulte est sûre dans les conditions fixées par la réglementation européenne.

Selon la “Cochrane research”, il est probable que de fortes concentrations d’antioxydants puissent augmenter l’oxydation, protéger les cellules cancéreuses et réduire les bénéfices de l’exercice physique. En outre, ils peuvent avoir des effets secondaires indésirables, tels que des nausées ou des maux de tête.

Pour la Société française de diététique et de sciences nutritionnelles, il n’existe pas de “preuves scientifiques démontrant que la prise de suppléments de vitamines ou de minéraux chez les personnes ayant un régime alimentaire adéquat a la capacité de prévenir les maladies chroniques”.

Les spécialistes s’expriment dans le même sens : une alimentation variée et équilibrée qui privilégie la consommation de fruits, de noix et de légumes suffit à couvrir les besoins nutritionnels en composés à action antioxydante.

Les experts ne mentionnent qu’une seule exception, celle du zinc, pour lequel ils mettent en garde contre un certain déficit chez les adultes français, l’apport en zinc étant insuffisant chez plus de 60 % des hommes et plus de 40 % des femmes.

Cependant, comme le rappelle l’Autorité européenne de sécurité des aliments, les compléments alimentaires ne sont pas des médicaments et ne peuvent donc pas avoir d’action pharmacologique, immunologique ou métabolique. Ils ne doivent pas non plus être utilisés pour traiter ou prévenir des maladies chez l’homme ou pour modifier des fonctions physiologiques.

Pour éviter les risques, il est important de ne pas dépasser les doses journalières recommandées sur l’étiquette, de ne pas utiliser ces compléments comme substitut d’un régime alimentaire équilibré, de ne pas essayer de traiter ou de prévenir des maladies avec ces compléments et de toujours suivre les instructions d’utilisation données par le fabricant sur l’étiquette.

Pour toutes ces raisons, les spécialistes recommandent la réalisation d’études complémentaires avec une méthodologie adéquate afin d’évaluer les effets des compléments alimentaires à base d’antioxydants et les conditions dans lesquelles ils se produisent, ainsi que les effets indésirables éventuels.

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