Arithmophobie : paniquez-vous lorsque vous devez faire des calculs ?

Les types de phobie qui existent sont innombrables et certains sont presque incroyables : vous pouvez éprouver cette panique irrationnelle envers pratiquement n’importe quoi. Il n’est donc pas surprenant qu’il existe une phobie des chiffres ou des mathématiques, un sujet qui cause des maux de tête à de nombreuses personnes. On l’appelle arithmophobie, bien que d’autres noms soient également utilisés, tels que numérophobie ou mataphobie. Une étude la définit comme “le sentiment de tension et de peur qui rend difficile la manipulation des chiffres, ainsi que la résolution de problèmes mathématiques dans diverses situations”.

Les auteurs détaillent que “chez certaines personnes, la phobie des maths est légère et entraîne une frustration”, tandis que d’autres souffrent plus intensément et “se débattent avec de véritables explosions émotionnelles face à des exercices de calcul”. Dans les cas les plus graves, la nécessité de calculer le coût d’un achat ou le pourboire pour le serveur, ou le simple fait de regarder des chiffres sur une affiche peuvent entraîner des sentiments de nervosité ou d’anxiété.

Symptômes de l’arithmophobie

Comme d’autres phobies, l’arithmophobie peut entraîner des symptômes physiques : transpiration excessive, accélération du rythme cardiaque et respiratoire, augmentation de la pression sanguine, maux de tête, nausées, maux d’estomac et hyperventilation. Les symptômes comportementaux, tels que l’évitement du stimulus redouté dans ce cas, les calculs ou les chiffres sont également fréquents. Une troisième série d’effets est d’ordre cognitif : d’une part, certains sont communs à toutes les phobies, comme l’anxiété, la confusion et les pensées catastrophiques.

Mais d’autre part, l’arithmophobie a des conséquences spécifiquement liées aux nombres et aux opérations mathématiques. En particulier, elle affecte les performances des personnes atteintes lorsqu’elles effectuent des calculs. Des études scientifiques ont montré que c’était vrai. Des chercheurs ont mené une expérience avec un groupe de personnes présentant des performances intellectuelles élevées (avec une mémoire de travail élevée, chargée de stocker temporairement des données et permettant de résoudre ce type de problèmes) et différents degrés d’arithmophobie.

Le rôle du stress

Les scientifiques ont mesuré les niveaux de cortisol l’hormone du stress” dans la salive de ces personnes avant et après qu’elles aient été confrontées à une série d’opérations mathématiques complexes. Ils ont constaté que, chez les personnes les plus arithmophobes, des niveaux de stress plus élevés coïncidaient avec de moins bonnes performances dans la résolution des exercices. Pour eux, les calculs mathématiques représentent un obstacle tellement important que leurs performances intellectuelles sont affaiblies et tombent en dessous de leur véritable capacité.

Chez les personnes souffrant d’arithmophobie modérée, cependant, le stress a eu l’effet inverse : les performances se sont améliorées. Une étude ultérieure, menée par des scientifiques des États-Unis, du Royaume-Uni et du Canada, a abouti à des conclusions similaires. Il y a, dans ces cas, une clé : la motivation. Si les personnes ayant un faible niveau d’arithmophobie sont suffisamment motivées, les problèmes mathématiques sont présentés comme des défis et deviennent un stimulus positif, générant le désir de les résoudre.

Peur anticipée des chiffres

D’autres études sont allées encore plus loin. Une étude menée à l’université de Stanford, également aux États-Unis, a analysé par IRM l’activité cérébrale d’enfants âgés de 7 à 9 ans alors qu’ils étaient confrontés à une série de calculs simples. Les images ont montré que, chez les enfants qui étaient plus anxieux à propos des mathématiques, l’amygdale (la zone du cerveau où la peur est traitée) était activée plus intensément et établissait davantage de connexions avec d’autres régions liées à la même sensation.

Cette peur anticipée pourrait être la clé de l’origine de l’arithmophobie, ainsi que des traitements possibles pour y remédier.

Comment cette peur apparaît-elle ?

Dans de nombreux cas, comme pour les autres phobies, tout commence par une expérience traumatisante. Il peut s’agir, par exemple, d’un examen de mathématiques qui vous demande de résoudre de nombreux exercices dans un laps de temps très court. La pression et le stress d’une telle situation peuvent faire que les mathématiques ou les chiffres en général soient associés à un sentiment si négatif qu’il provoque de l’anxiété chaque fois qu’ils réapparaissent à l’avenir. C’est ce qu’explique un professeur spécialisé dans l’enseignement des mathématiques, dans un examen des études existantes sur le sujet.

Mais la phobie peut aussi naître de ce que l’on appelle le conditionnement vicariant : le fait d’être témoin d’un événement traumatique subi par quelqu’un d’autre, ou le fait que la peur soit déclenchée par les opinions et les commentaires de quelqu’un d’autre. Une autre étude menée par l’équipe a révélé que les enseignants du primaire qui éprouvent un certain degré d’anxiété face aux mathématiques la transmettent dans leurs classes. De plus, dans de nombreux cas, ils véhiculent également le préjugé selon lequel “les garçons sont bons en maths et les filles bonnes en lecture”. En fait, les filles ont éprouvé plus de peur que les garçons lors des examens de mathématiques, bien que les notes ne soient ni meilleures ni moins bonnes selon le sexe.

Que faire contre l’arithmophobie ?

L’arithmophobie appartient au groupe des phobies spécifiques. C’est-à-dire qu’elle appartient au même groupe que les phobies de l’avion, de parler en public, de recevoir des injections, etc. Ces phobies ne nécessitent pas toujours un traitement. Si les chiffres ou les calculs génèrent un léger malaise ou un certain blocage, il n’est probablement pas nécessaire de faire quoi que ce soit. Cependant, lorsqu’ils provoquent des réactions physiques et psychologiques intenses, il est important de prendre des mesures. Et surtout lorsqu’elles nuisent à la vie sociale, universitaire ou professionnelle.

En général, la forme de traitement la plus efficace est la thérapie psychologique. La thérapie cognitivo-comportementale est particulièrement utilisée dans ces cas, notamment les techniques d’exposition, qui consistent à confronter progressivement la personne concernée au stimulus qui provoque la panique irrationnelle. Elle est souvent associée à des techniques de relaxation (respiration, méditation, etc.) pour tenter de provoquer une désensibilisation systématique afin que l’élément en question ne produise plus de peur et n’affecte plus la vie quotidienne du patient et donc sa qualité de vie.

Arithmophobie

-